- blasphème
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• 1190; lat. ecclés. blasphemia, du gr. blasphêmia→ blâme♦ Parole qui outrage la Divinité, la religion. ⇒ jurement, 1. sacrilège. Dire des blasphèmes. « Le blasphème des grands esprits est plus agréable à Dieu que la prière intéressée de l'homme vulgaire » (Renan). — Par ext. Propos déplacés et outrageants pour une personne ou une chose considérée comme quasi sacrée. ⇒ imprécation, injure, insulte.Synonymes :- exécration- imprécation- jurementContraires :- bénédictionblasphèmen. m.d1./d Parole qui outrage la divinité, qui insulte la religion. Blasphème contre le Saint-Esprit. Syn. (Québec) sacre (2).d2./d Par ext. Paroles injurieuses.⇒BLASPHÈME, subst. masc.Parole, discours outrageant à l'égard de la divinité, de la religion, de tout ce qui est considéré comme sacré. Il n'y est question de Dieu dans les anecdotes de Chamfort que dans de froids blasphèmes (GREEN, Journal, 1943, p. 76) :• 1. Oh! La révolte qui s'épuise d'elle-même en injures, en blasphèmes, cela n'est rien, peut-être?... La haine de Dieu me fait toujours penser à la possession.BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, p. 1105.— P. ext. Parole, propos, acte injuste, injurieux, indécent contre une personne ou une chose considérée comme respectable :• 2. Je vais proférer un blasphème. J'aime sans doute, dans les frises du Parthénon, la naïveté du dessin, la sérénité de l'ensemble et une certaine science du groupement; mais j'ai beau faire, je vois que tout est simplifié à l'excès, ...LEMAITRE, Les Contemporains, 1885, p. 143.• 3. — Fais c'que j'te dis... Je ne suis pas assez sérieux pour qu'on m'appelle mon oncle... Ça me fait l'effet d'un blasphème... Tout le monde m'appelle Édouard...GYP, Souvenirs d'une petite fille, 1928, p. 259.Rem. Autrefois blasphème s'employait pour « blasphémateur » (cf. Nouv. Lar. ill.) et pour « blasphématoire » (DG).Prononc. :[
]. Durée longue sur la dernière syll. dans PASSY 1914 et BARBEAU-RODHE 1930 (cf. aussi les dict. hist. de FÉR. 1768 à DG). À ce sujet, cf. BUBEN 1935, § 45 : ,,Il n'y a et il ne devrait y avoir aucune différence phonétique entre jette-achète, nette-discrète, cruelle-fidèle, etc. parce que l'e est également bref dans les deux cas. Et pourtant beaucoup d'étrangers, ceux surtout qui parlent une langue où le redoublement de la consonne marque la brièveté de la voyelle précédente, prolongent volontiers, par contre-coup, l'e ouvert qui porte l'accent grave et introduisent ainsi une différence de quantité entre les deux séries de mots. Ils s'y croient autorisés par le fait que l'accent grave peut vraiment être considéré comme un signe de longueur dans les mots savants d'origine latine et grecque qui, même dans la prononciation française, conservent la quantité étymologique, comme par exemple carène, cène, hyène, hygiène, obscène, scène, blasphème, stratagème, (...) éphèbe, règle, (...) cf. aussi il hèle [
] dérivé de l'anglais hail.``
Étymol. ET HIST. — Fin XIIe s. « parole qui outrage la divinité » (Serm. de S. Bern., 117, 20 dans GDF. Compl.).Empr. au lat. chrét. blasphemia « id. » (Itala, I, Macc., 2, 6 dans TLL s.v., 2043, 30).STAT. — Fréq. abs. littér. :588. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 847, b) 738; XXe s. : a) 1 130, b) 701.BBG. — BARB. Misc. 1 1925-28, p. 31.blasphème [blasfɛm] n. m.ÉTYM. Fin XIIe; lat. ecclés. blasphemia, grec blasphêmia « parole impie ».❖1 Parole qui outrage la Divinité, la religion, le sacré. ⇒ Jurement, sacrilège. || Dire, lancer, proférer, prononcer, vomir des blasphèmes. ⇒ Blasphémer. || Qui a le caractère du blasphème. ⇒ Blasphématoire. || Un blasphème impie, injurieux. || Le blasphème est un péché, un crime contre Dieu. || Que la colère ne te pousse pas au blasphème (Job, XXXVI, 18).1 Tout péché, tout blasphème sera remis aux hommes, mais le blasphème contre l'Esprit ne sera pas remis.Bible (Crampon), Évangile selon saint Matthieu, XII, 31.2 (…) le Doute n'est ni une impiété, ni un blasphème, ni un crime; mais une transition d'où l'homme retourne sur ses pas dans les Ténèbres ou s'avance vers la Lumière.Balzac, Séraphîta, Pl., t. X, p. 545.3 Des brutaux vociféraient des blasphèmes. Julien les reprenait avec douceur; et ils ripostaient par des injures.Flaubert, Trois contes, II, 3.4 Le blasphème des grands esprits est plus agréable à Dieu que la prière intéressée de l'homme vulgaire; car, bien que le blasphème réponde à une vue incomplète des choses, il renferme une part de protestation juste, tandis que l'égoïsme ne contient aucune parcelle de vérité.Renan, Dialogues et Fragments philosophiques, p. 15.5 Le docteur O'Grady peut risquer au mess les pires blasphèmes sans émouvoir le général ni le Padre; ils ont été élevés à Eton et se savent invulnérables.A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, XIII, 140.2 Par ext. Propos déplacés et outrageants pour une personne ou une chose considérée comme très respectable, quasi sacrée. ⇒ Imprécation, insulte.6 Pouvons-nous sans folle outrecuidance croire que l'avenir ne nous jugera pas comme nous jugeons le passé ? Voilà les blasphèmes que me suggère mon esprit profondément gâté.Renan, Souvenirs d'enfance…, II, I.❖CONTR. Bénédiction, respect, vénération.
Encyclopédie Universelle. 2012.